Le
Théâtre de l'Hémione au festival international de Marche
en Famenne (Belgique). Du 30 juillet au 8 août 2009
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!
L'auteur, Alain Gibaud, raconte l'épopée :
Février 2008. Grâce à
un ami commun, je fais la connaissance de Mahdia et Yves, deux comédiens
catalans. Le courant passe. Ils sont très axés sur les écritures
contemporaines. Et si, pourquoi pas … ?
30 juillet 2009. Un minibus jaune, dans lequel bagages, accessoires et…produits
du terroir ne laissent aux passagers que le minimum d’espace vital, progresse
difficilement sur une autoroute française, piégé dans le
énième « bouchon » de la journée. De quoi perdre
patience, s’énerver… Pourtant, à l’intérieur,
c’est une lueur de joie intense qui brille dans les yeux des huit individus
présents. Car un rêve est en train de se réaliser : après
des semaines de travail d’écriture, de mise en scène, de
répétitions, et le passage devant le jury de la FNCTA, les cinq
comédiens, le technicien, l’assistante qui composent la troupe
du Théâtre de l’Hémione de Thuir, ainsi que votre
serviteur, roulent vers Marche-en-Famenne en Belgique où ils vont représenter
la France au prestigieux festival des « Estivades » !
Dès le lendemain, tout le monde est rapidement plongé dans l’ambiance.
L’équipe organisatrice, d’une extrême gentillesse,
n’a rien laissé au hasard. Du petit déjeuner aux spectacles,
des colloques à l’excellente cuisine familiale des repas, des stages
aux animations nocturnes, nous voilà emportés dans un tourbillon
fou qui va durer une grosse semaine.
Le dimanche 2 août, voici venu notre tour de présenter notre travail
au public. Il pleut (à noter qu’il s’agira du seul jour de
pluie au cœur d’un festival très ensoleillé, situation
apparemment exceptionnelle selon les autochtones !) et le trac est bien là.
Toujours est-il qu’aux alentours de 16h30, c’est un immense bonheur
qui règne au sein du « team France ». Notre spectacle, s’inscrivant
dans la tradition française du « théâtre à
texte » comme le mentionnera Patrick Schoenstein, s’est joué
devant une salle archi-comble (bon nombre de personnes se voyant même
refuser l’entrée) et a beaucoup plu.
Deuxième challenge réussi : l’animation nocturne du mardi
soir où le public est ravi de goûter les vins catalans, de boire
le muscat au « pourou » (spectaculaire !) et de se lancer dans un
tourbillonnant ballet catalan empreint de fraternité.
Nous aurons encore l’occasion de monter sur scène durant la soirée
de clôture, en offrant en guise de remerciement aux organisateurs un chant
composé et répété dans la journée.
8 août 2009. 4h30 du matin. Notre minibus jaune s’éloigne
de la petite ville de Marche-en-Famenne. Nous repartons avec dans nos cœurs
et nos têtes la conviction d’avoir vécu dix jours incroyables
faits de découvertes, d’échanges, d’amitié,
de convivialité, de théâtre, de rencontres formidables,
de moments inoubliables… C’est bien ce que je disais : un rêve.
La presse en a dit :
"Ceux
de l'autre côté"
Le fameux tunnel à traverser pour passer de l'autre côté
… C'est un thème bien souvent abordé. Ce n'est pas là
que se trouve l'originalité du spectacle proposé par le théâtre
de l'Hémione, c'est plutôt et surtout dans l'interprétation
des comédiens et dans la conclusion dramatique que l'auteur a voulu nous
faire partager.
Un criminel est condamné à rester seul avec son "ange noir"
pour l'éternité en ayant oublié pourquoi il doit subir
une telle punition. Un véritable enfer que de se sentir condamné
injustement … même si en tant que spectateur, on comprend vite la
nature immonde de ce personnage.
Il y avait un rythme soutenu dans la mise en scène. On ressent l'énergie
dégagée par cette jeune compagnie. Mahdia Belaidi est claire,
posée, nous fait vibrer en nous communiquant son émotion de mère
inquiète et sa transformation d'accusée en chef de groupe, en
accusatrice menaçante et cruelle.
Martine Bruzat est impressionnante de justesse dans ce rôle de jeune fille
que l'on dit "un peu simple". Elle aussi passe de la fragilité
à la maturité.
Gilbert Casimiro campe un personnage que l'on imagine rude, solide et on découvre
au contraire qu'il est craintif et influençable sans en être vraiment
conscient. Il veut oublier où il est et se rappeler d'où il vient.
Quant à Yves Plazas et Claude Boulais, on peut dire que leur complicité
est évidente. Ange ou démon … Ange et démon, qui
est donc cet "Angel" qui semble diriger ce groupe d'âmes perdues.
On comprend vite qu'il est la clé de l'énigme et il attirerait
plutôt la sympathie à l'inverse de son "protégé"
qui lui n'inspire que la répugnance.
Et puis outre le spectacle, il y a la compagnie "L'Hémione".
On y sent la chaleur et l'accueil du sud. Elle a séduit une salle entièrement
comble.
Nicolas
UNE AVENTURE APPELEE « ESTIVADES »
La compagnie de
l'Hémione ou quand un rêve devient réalité !
De la rencontre avec Alain Gibaud à notre sélection pour représenter
notre fédération …
En apprenant l'existence des Estivades, ils ont tenté le coup. Ils ont
rencontré Alain Gibaud, et présenté leur spectacle en novembre
dernier. "C'est au début janvier me raconte Mahdia que nous avons
appris notre sélection. Je vous dis pas la fête que l'on a fait.
C'était extraordinaire pour nous de pouvoir montrer le travail de notre
compagnie, de nous exporter, de rencontrer d'autres amateurs aussi passionnés
que nous".
J'entame alors une conversation avec Yves Plazas et Mahdia Belaidi, les deux
locomotives de cette compagnie. Je pose les questions, ils y répondent,
spontanément.
Pouvez-vous nous parlez-nous de votre aventure avant
la Première de "Ceux d'à côté", ce dimanche
2 août ?
L'idée des Estivades dans un premier temps, c'était la possibilité
de travailler avec un auteur contemporain. Ca nous semblait inaccessible. Nous
avons rencontré Alain Gibaud lors d'un festival et le courrant est passé
entre nous. Monsieur Carbou, de la fédération nous l'a présenté.
Il a adhéré au projet et voilà, l'aventure démarrait.
Il a écrit la pièce en deux mois et demi, nous l'avons montée
en cinq mois. Le comité de sélection est venu la visionner et
nous a retenus comme représentants français. Ce fut une véritable
fête pour nous.
Vous voilà sélectionné, il faut
maintenant trouver les moyens pour pouvoir vous rendre à Marche. En effet,
même si l'organisation des Estivades prend en charge une partie des frais,
cela coûte cher de passer une semaine entière ici ?
Un de notre troupe étant un élu local, cela nous a permis de pouvoir
contacter le Conseil Général ainsi que les différentes
autorités à même de nous subventionner. Nous avons eu beaucoup
de promesses d'aide mais de manière concrète ça s'est limité
à zéro zéro zéro centime d'euro ! Nous n'avons rien
reçu. C'est vrai que cela est difficile de voir la reconnaissance que
nous avons ici en Belgique et de voir que dans notre propre région, dans
notre propre ville, Thuir, aucune aide financière ne nous a été
apportée.
Il a donc fallu faire preuve d'imagination. Nous avons organisé une soirée
spectacle sur le thème de la Belgique. Les Belges de la région
ont répondu présents, Madame le Consul belge de Perpignan et l'Ambassadeur
étaient là aussi pour nous soutenir. La recette n'était
pas suffisante mais cela nous a bien aidé. Nous avons fait d'autres choses
bien entendu et puis, notre jeune compagnie a puisé dans ses fonds propres
et nous voilà. Les commerçants, les artisans et les viticulteurs
de la région nous ont aussi aidés. On ne regrette rien. Sauf peut-être
ce manque de reconnaissance chez nous. Surtout quand on voit les moyens dont
disposent certaines compagnies venues d'Italie, d'Espagne, de Suisse etc …
Nous sommes dans un festival international, c'est incroyable non ? Le bourgmestre
de Marche a fait un très beau discours en disant qu'en temps de crise,
au contraire, il fallait donner les moyens aux artistes de s'exprimer. Nous
comprenons que la crise est là et bien sûr, ça se répercute
sur la culture ! Ce discours est bien différent chez nous, c'est vous
dire si on est époustouflés ici par tant d'intérêt.
La F.N.C.T.A. nous a soutenu moralement et certains représentants étaient
d'ailleurs présents lors de notre spectacle.
Ces
Estivades vont-elles changer quelque chose dans votre manière de fonctionner
?
Cela nous a conforté dans l'idée qu'il fallait faire du théâtre
de qualité, oser faire du théâtre autrement, oser créer.
Ce festival nous permet de faire des rencontres, de belles rencontres. Celles-ci
nous apportent beaucoup. Elles nous permettent d'évoluer, on apprend
de tous ici ! En tant qu'amateurs nous pensons aussi que ces Estivades donneront
envie à d'autres personnes de faire du théâtre. Cette expérience
solidifie notre groupe, elle nous soude plus encore. Les échanges que
nous avons eus ici sont de véritables aventures humaines, pleines de
richesse. On savoure cha-que instant, chaque spectacle. Nous allons travailler
dur afin d'avoir l'honneur de pouvoir de nouveau représenter la France
dans une prochaine édition.
Nous n'avons pas cette année donné la
parole à de nombreuses troupes comme nous l'avions fait lors des éditions
passées. Nous avons plus axé sur le contenu des spectacles. Pourtant,
j'avais très envie de vous raconter l'aventure de l'Hémione; cela
aurait pu être une autre compagnie. En effet, pour chacune d'entre-elles
l'aventure est différente et pourtant le résultat est là,
avec beaucoup ou peu de moyens, vous nous avez tous présenté des
spectacles d'une qualité incroyable.
Je profite des dernières lignes que j'écris pour ces Estivades
2009 pour dire à quel point le sourire permanent des membres de l'Hémione
restera un grand moment de joie pour moi. Il y a des personnes qui ont autour
d'eux une aura positive, c'est le cas avec cette trop sympathique compagnie.
J'espère les revoir bien vite et surtout que rapidement, dans leur région,
les autorités se rendront compte qu'il ont là une compagnie de
qualité qui, avec un peu d'aide, pourrait sans aucun doute progresser
très vite et nous étonner encore et encore ! A très vite
chers amis du sud.
Nicolas